Histoire du département

Le département de Podor a été créé en 1964 à la suite du décret 64.282 du 3 avril, il fait partie des 34 départements initiaux du Sénégal.

Situé dans la région historique du Fouta-Toro, il fut partie intégrante de l’ancien royaume du Tekrour, le territoire du département fait partie des premiers foyers de peuplement du Sénégal. Centre important du commerce transsaharien entre le ixe et le xive siècle, il est reconnu comme l’un des premiers États subsahariens musulmans. À la chute du royaume du  Tekrour la région fut soumise à la domination de l’Empire du Ghana, puis de l’Empire du Mali.

La région est marquée par la colonisation française dirigée à partir de Saint-Louis avec la construction à Podor d’un fort en 1744 par le Gouverneur Général Pierre Barthélemy David au profit de la compagnie des Indes, reconstruit par le Général Louis Faidherbe en 1854. Le département a accueilli à Podor le 1er régiment des Tirailleurs sénégalais qui ont participé à la pénétration française en Afrique. Par son comptoir commercial sur le fleuve, la région fut un centre économique dans le réseau du bassin du fleuve Sénégal et à l’international, grâce au commerce de la gomme arabique, de l’or, de produits artisanaux et manufacturés.

C’est à Halwar, près de Podor qu’est né El Hadji Omar Foutihou Tall entre 1794 et 1797. Il fut souverain, chef de guerre, érudit musulman et fondateur de l’empire toucouleur sur un territoire allant du Sénégal à la Guinée en passant par le Mali. Il entreprit une guerre pour islamiser et unifier tous les peuples du Soudan et du Fouta-Toro afin de contrecarrer l’expansion coloniale européenne.

Le conflit sénégalo-mauritanien entre 1989 et 1991, opposant le long du fleuve Sénégal la Mauritanie et le Sénégal a bouleversé la vie des communautés du département. Cette crise s’est soldée par la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays pendant plusieurs années, par une arrivée importante de réfugiés (accroissement de la population du département de 13,6 %), et par une désorganisation de l’équilibre traditionnel existant dans cette région.

 

Données physiques, climatiques et économiques

La Vallée du Fleuve Sénégal (VFS) est l’une des six zones agroécologiques définies au Sénégal. Elle se trouve le long du Fleuve Sénégal dans la partie Nord du pays. Long de 1 800 km, le Fleuve Sénégal s’étale environ sur une surface de 300 000 km². Caractérisée par des zones tropicales humides, sèches et subdésertiques, le bassin couvert par la VFS est aussi abrité par 3,5 millions d’habitants qui vivent d’activités agricoles au sens large.

Découpage géographique de la Vallée du Fleuve Sénégal

Selon les sources, la VFS est subdivisée entre 3 ou 4 zones le long du Fleuve Sénégal. Si, en amont de Bakel, la Haute Vallée est marquée par le climat soudanien, à partir de Bakel à Richard-Toll, se positionne la Moyenne Vallée avec le climat sahélien alors qu’en aval de Richard-Toll jusqu’à Saint-Louis, se constitue le Delta marqué par le climat subcanarien sous influence maritime (Dancette et al., 1994).

Un autre découpage est souvent constaté. En effet, la Haute Vallée se situerait en amont de Bakel sur une longueur de 50 km. La Moyenne Vallée serait comprise entre Bakel et Saldé sur une distance de 300 km. La Basse Vallée, de Saldé à Richard-Toll, s’étalerait sur 300 km alors que le Delta couvre toute la zone de Richard-Toll jusqu’à l’embouchure sur 170 km (Bruckmann, 2018 ; Diop et al. 2008). En se consacrant sur le département de Podor, la zone d’intervention du projet COINS correspondrait à la Moyenne Vallée, plus précisément dans la partie aval, de Saldé à Thillé Boubacar.

Pluviométrie et saisons

Dans la Haute Vallée, les précipitations annuelles se situent entre 500 et 600 mm. Elles sont comprises entre 300 et 400 mm dans la Moyenne Vallée tandis que, dans la Basse Vallée et le Delta, les pluies annuelles tombent entre 200 et 300 mm (Diop et al., 2008).

Cependant, une analyse de la pluviométrie sur 60 années (1954-2013) a montré que 29 années sont en dessous de la moyenne interannuelle à Saint-Louis contre 33 années à Podor et 30 à Matam. La moyenne interannuelle étant pour Saint-Louis à 272 mm, pour Podor à 247 mm et pour Matam à 400 mm. Le minimum pluviométrique est enregistré en 1992 à Saint-Louis avec moins de 213 mm et à Matam avec moins de 248 mm. En 1984, cet indicateur a été noté à Podor avec moins de 190 mm par rapport aux moyennes interannuelles de ces 3 sites. A l’opposé, le maximum pluviométrique est relevé en 2000 à Matam avec plus de 317 mm, en 2010 à Saint-Louis avec plus de 322 mm et en 1955 à Podor avec plus de 793 mm par rapport aux moyennes interannuelles de ces 3 sites (Gaye, 2017, p. 67).

Il existe 2 à 3 mois de saison des pluies c’est-à-dire de juillet à septembre. Il s’ensuit la saison sèche froide, d’octobre à février. Ces deux saisons sont complétées par la saison sèche chaude, de mars à juin.

Zonage agricole dessiné par les dynamiques du fleuve

Partant du système traditionnel d’aménagement et d’exploitation de la VFS, il y a 3 types de zones fonctionnelles. De part et d’autre du fleuve vers le continent, il y a le falo c’est-à-dire les berges, suivi par une zone appelée le waalo, c’est-à-dire la plaine alluviale inondable constituée de basses terres, du lit majeur du fleuve, qui est complété, à son tour, par le jeeri c’est-à-dire les hautes terres en bordures sèches du waalo dédiées à l’agriculture pluviale grâce aux crues, avec la possibilité de disposer d’un système agro-halio-sylvo-pastoral. L’accès à la terre et le système foncier sont régis par le système d’organisation sociale qui fait que les villages d’anciens agriculteurs (torrobe) disposent de terres dans le waalo généralement occupées par les « nobles » alors que les villages d’anciens pêcheurs (cuballo) ont des terres dans le falo. La vente de terres très limitée, l’accès au foncier se fait souvent par héritage, droit de défrichage, prêt, location (Bruckmann, 2018).

Diversité des sols pour les agricultures

En fonction de la zone, différents types de sols ont été identifiés dans la VF (Dancette et al., 1994). Dans la zone du waalo, plusieurs types de sols se sont constitués au fil des années caractérisés principalement par un mélange d’argile et alluvions. Se trouvant aux berges du fleuve, les sols du falo sont constitués de sable, d’argile, de limon, peu évolués voire hydromorphes. Par contre, les bourrelets de berge du fleuve sont assimilés aux sols diacrés qui sont des occupés souvent par des acacias. Quant aux hollaldés, ce sont des sols de cuvettes constitués sur la base d’alluvions argileuses souvent lourdes et difficiles à travailler. Les sols qu’on appelle les fondés sont au bord des cuvettes. Ce sont des sols sablo-limoneux, avec moins d’argile, faciles à travailler et à irriguer. Ils sont, par ailleurs, plus filtrants avec un niveau de consommation d’eau plus important que dans les hollaldés.

Dans le jeeri, la zone des hautes terres, non atteinte par les crues, les sols y sont sableux, limoneux. Ils sont constitués avec d’anciennes dunes fixées. Cette zone sert souvent de réceptacle pour fonder les villages. Les sols y présentent une faible fertilité à cause d’une teneur limitée en matières organiques et en réserve minérale. Donc, ces sols manifestent une forte perméabilité. La formation des sols y est largement liée à la fréquence, à la durée des crues dans la VFS (Diop et al. 2008).

Enfin, au niveau du Delta, ces différents types de sols peuvent être présents mais avec un problème de salinisation à cause de la proximité avec l’Océan Atlantique, de la remontée des nappes fossiles salées et de la langue salée de l’estuaire.

Agriculture de décrue dépendante des dynamiques du fleuve

Selon les données du dernier recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage du Sénégal réalisé en 2013 par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), « 34 588 ménages sénégalais se disaient producteurs de cultures de décrue, soit près de 6,6 % des ménages ruraux sénégalais (cette proportion a baissé par rapport au recensement agricole de 1998) » (ANSD, 2013, cité par Fall et al., 2020, p. 151).

Au niveau du falo et du waalo, se pratique l’agriculture de décrue autour des spéculations comme le maïs, la tomate, la courge, la patate douce, le melon, le niébé, le sorgho, etc. Cette agriculture de décrue est moins dépendante du capital financier mais elle l’est vis-à-vis de l’irrégularité des crues. Elle est extensive et présente moins de risque pour le paysan dans la mesure où les ménages agricoles sont plus orientés par la sécurisation des récoltes que par l’intensification agricole (Bruckmann, 2018).

Dans les sols du falo, on y retrouve souvent la culture du maïs et du maraîchage. Les principales spéculations du maraîchage concernent la tomate cerise, le gombo, la patate douce, le tabac, etc. Au niveau du waalo, dans les hollaldés où on peut relever la présence du sel, les sols sont plutôt réservés à la culture du sorgho de décrue associée à du niébé voire du maïs. Cependant, on y note maintenant la riziculture. Par contre, dans les sols fondés, au bord des cuvettes, la pratique d’autres cultures y favorable, contrairement au riz (Diop et al., 2008).

Toutefois, l’avenir de l’agriculture de décrue reste posé entre maintien et disparition. Si ce type d’agriculture dispose des forces comme sa popularité auprès des populations, la bonne productivité du travail de l’eau et de la terre, une connaissance agronomique pouvant contribuer à améliorer les rendements, l’agriculture de décrue reste confrontée à des faiblesses comme les crues erratiques, l’arrêt du soutien des crues par le barrage de Manantali, la difficile gestion des cuvettes avec des rendements faibles, la faible consommation du sorgho, faible appui des cultures de décrue dans les politiques nationales. Par ailleurs, l’une des menaces qui pèsent sur l’agriculture de décrue est relative aux effets des grands barrages et des politiques publiques en faveur de la riziculture irriguée même si ses principales opportunités ont trait aux difficultés de l’irrigation classique, à la possibilité d’améliorer les rendements, à l’incertitude sur la réalisation du barrage de Gourbassi sur la Falémé, à une politique de territorialisation des politiques de développement, etc. qui prennent en compte le développement de l’agriculture de décrue (Diop et al., 2020).

Agriculture pluviale dépendante des conditions climatiques

Par contre, dans le jeeri, c’est la polyculture avec l’agriculture pluviale basée sur le mil, le niébé, l’arachide, le béref, etc. Toutefois, à cause de la sécheresse, on relève l’abandon de cultures pluviales dans la zone de Kaedi à Saint-Louis en passant par Podor, Dagana, etc. Dans le jeeri, la pratique du maraîchage ou autres cultures est devenue possible grâce à des techniques de fertilisation moderne même si la question de la maîtrise de l’eau pour développer l’irrigation s’est toujours posée.

Agriculture irriguée basée sur la riziculture intensive

Au système traditionnel d’agriculture pluviale et d’agriculture de décrue, s’ajoute l’agriculture mderne caractérisée par le développement de la riziculture intensive grâce à des programmes d’aménagements hydro-agricoles promus dans la VFS par les pouvoirs publics et les partenaires techniques et financiers depuis les années 1970. En effet, le développement de l’irrigation a permis la riziculture intensive dans de petites surfaces avec de hauts rendements, en accompagnant l’accès au capital financier, le développement d’itinéraires techniques, etc. La logique d’intervention a été basée sur le fait que la VFS soit considérée comme la zone qui doit permettre au Sénégal d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en riz (Bruckmann, 2018).

Elevage sédentaire et élevage transhumant

En ce qui concerne l’élevage, il se pratique sur la base de la transhumance entre le jeeri près des mares durant la saison des pluies et le waalo durant la saison sèche pour les résidus de cultures et l’eau du fleuve. Le cheptel est essentiellement composé de bovins et de petits ruminants. Cependant, ce système traditionnel de la transhumance est perturbé aujourd’hui par les effets du changement climatique (Schmitz, 1995, p. 56). Par ailleurs, cette difficulté liée à la sécheresse est davantage accentuée par une coexistence parfois problématique des éleveurs avec les agriculteurs. L’élevage sédentaire se caractérise par l’embouche traditionnelle en confiant des animaux à des bergers qui les font paître dans les parcours et/ou qui pratiquent la vaine pâture Ces pratiques permettent de valoriser les résidus de cultures pour l’alimentation (fourrage) du bétail et de fertiliser les sols agricoles en fumure organique produit par les animaux (Dancette et al., 1994 ; Bruckmann, 2018).

Pêche continentale liée aux dynamiques des crues

Le système de crue et de décrue n’avantage pas que la production végétale en arrosant et en fertilisant les sols. Il favorise également les zones de frai pour les poissons. En effet, la pêche continentale est aussi pratiquée dans la VFS, même dans les cuvettes inondées de la vallée alluviale par les crues, entre août et octobre. Elle se pratique ainsi pendant la saison sèche froide (novembre à février) surtout par les villages d’anciens Cuballo établis souvent le long du fleuve.

Toutefois, « la difficulté d’accès physique à la ressource-du fait de l’envahissement des rives par les typhaies, ou de la disparition de la crue dans les secteurs du lit majeur éloignés du fleuve et de ses défluents-explique probablement la diminution du nombre des pêcheurs et la baisse de l’importance de l’activité dans l’économie des ménages » (Magrin et Seck, 2009).

Financement et services agricoles

Comme ailleurs au Sénégal, les petits producteurs porteurs d’exploitations agricoles familiales dans la VFS font souvent face à des difficultés d’accès au financement. Les conditions de garantie demandées par les institutions financières sont souvent difficilement remplies par ces derniers. Or, le financement est nécessaire pour couvrir les frais de campagne comme l’achat d’intrants agricoles, la redevance eau, les frais de labour offset, l’achat ou la location de matériels agricoles, les frais de la main d’œuvre, l’achat de nourriture bétail, etc. De la même manière, l’écoulement des produits agricoles dans les marchés pose souvent problème, faute de fonds de commercialisation.

Cependant, depuis quelques années, la présence d’acteurs comme la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) depuis avril 1984 devenue La Banque Agricole (LBA) en juillet 2019, les Mutuelles d’Épargne et de Crédit (MEC), les Groupements d’Intérêts Economiques (GIE), les Organisations Non Gouvernementales (ONG), etc. tend à améliorer le financement de l’agriculture dans la VFS. Le plus souvent, le nantissement qui consiste à payer les dettes du paysan vis-à-vis de son organisation ou qui se traduit par le fait qu’un entrepreneur agricole exploite 1/3 de la surface agricole de l’Organisation Paysanne (OP) en échange de crédit pour couvrir les prestations de services agricoles et payer les fournisseurs d’intrants est l’outil financier mobilisé dans la VFS. Le remboursement se fait en nature au champ. Ce qui aurait permis d’avoir un taux de remboursement plus élevé qu’en système de crédit classique qui a manifesté un problème d’endettement des paysans (Le Roy, 2011).

Avec l’introduction du financement intégré en 2014 ans la VFS par LBA avec le Programme Feed the Future dans la riziculture irriguée, ce système de financement par nantissement s’est beaucoup amélioré. En effet, l’accord de crédits par LBA se fait aux réseaux de producteurs avec nantissement du riz paddy comme remboursement. Ce riz paddy est stocké dans un entrepôt. Le prix est collectivement discuté au moment de la récolte selon les prix du marché. La Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta, de la Vallée du Fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED) préside les séances de discussion et de fixation des prix. LBA envoie des vérificateurs sur le terrain pour contrôler les stocks de remboursement paddy remontés par les magasiniers.

Pour prendre en charge les difficultés de commercialisation, des crédits sont également accordés par LBA aux industriels transformateurs qui vont ensuite procéder à la levée des stocks de riz paddy en entrepôts. La propriété du riz paddy est ainsi transférée des paysans aux industriels pour transformation et commercialisation. Le dispositif da la tierce détention et du suivi des stocks (paddy et riz blanc) consiste à mandater une société de gestion des garanties par la banque et payée par les industriels pour suivre le volume et la valeur des stocks dans différents endroits en vue de s’assurer que ces derniers couvrent le solde du crédit octroyé aux industries. Ainsi, l’amélioration du taux de financement/remboursement (campagne et commercialisation), l’augmentation du nombre de riziers, du portefeuille de LBA, du nombre des sociétés de tierce détention financées, etc. se sont révélés être des résultats probants du système de financement intégré dans la VFS (IPAR et RTI, 2019a).

Assurance agricole pour couvrir les risques

L’agriculture est confrontée à plusieurs risques de diverses natures surtout en contexte de changement climatique dans la VFS. Donc, la question de l’assurance agricole demeure une préoccupation majeure pour les paysans pour faire face à divers risques (Mbow, 2017). Si les paysans développent des stratégies d’adaptation (transhumer, s’endetter, lisser les actifs/la consommation, etc.), ils ont aussi la possibilité de recourir à l’assurance agricole pour sécuriser leurs systèmes d’exploitation notamment grâce à la présence de la Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal (CNAAS). Cependant, l’exemple de l’assurance indicielle bétail au Sénégal a montré que la souscription à cette assurance est conditionnée par plusieurs déterminants dont une faible connaissance de ce produit qui entravent le développement de la culture de l’assurance dans l’élevage et dans le secteur agricole de manière générale (Syll et al., 2019). Pourtant, des risques liés aux facteurs climatiques, pluviométriques sont présents dans la VFS et peuvent affecter l’élevage et la production végétale dans un contexte de changement climatique.

Dans la VFS, deux types d’assurance existent. Dans le secteur de la riziculture irriguée (et dans une moindre mesure la tomate), l’assurance agricole classique multirisque couvre le riz irrigué en cas de sinistres constatés et mesurés (ravageurs, inondations, pluies hors saison, attaques d’oiseaux, etc.) moyennant une indemnisation correspondant à un pourcentage du crédit de campagne. Dans le secteur des cultures pluviales, l’assurance agricole indicielle est prévue pour se prémunir des risques liés aux cas de déficit/irrégularité pluviométrique à différentes phases de l’évolution des cultures. Les indices de pluviométrie et d’évapotranspiration sont calés à une situation de référence. Le calcul se fait par des pluviomètres automatiques couvrant un rayon de 5 à 7,5 km à partir du sol ou par des satellites à partir de la télédétection (IPAR et RTI, 2019b).

Environnement et état des sols 

Les terres agricoles sont négativement affectées par une combinaison de processus naturels et anthropiques liés grandement aux pratiques agricoles au sens large. En effet, sous l’impact du changement climatique qui se traduit par une irrégularité, un déficit pluviométrique, le processus de déforestation et de disparition du couvert végétal (forestier et herbacé) est accéléré. Et cela a des conséquences négatives sur la fertilité des sols. En effet, ces derniers sont dénués du couvert végétal qui joue le rôle de protecteur contre les ravages de l’érosion éolienne et hydrique qui détruisent physiquement les sols et emportent les éléments nutritifs. Le développement de l’agriculture moderne intensive basée principalement sur la riziculture irriguée et une mécanisation souvent mal maîtrisée contribue à accélérer le processus d’érosion des terres dans la VFS (OMVS, 2011, p. 42).

Élevage, sols et changement climatique

A cela, s’ajoute les effets du (sur)pâturage dans les milieux souvent confrontés à une pluviométrie erratique et/ou une perturbation du phénomène des crues qui permettent d’arroser les terres du waalo qui sont aussi source de production du fourrage grâce aux résidus de culture et parcours de bétail. Ainsi, la fumure organique qui devait fertiliser les sols parcourus par le bétail se fait de plus en plus rare à cause de la transhumance due à la rareté des pluies. « Ainsi, les précipitations dans cette région étant très faibles, l’ampleur de la crue, et les surfaces qu’elle permet d’inonder sont un facteur fondamental pour la biomasse globale. De même, la durée de la crue détermine le temps de submersion et d’imbibition des terres, favorable à la croissance des plantes » (Leroy, 2007).

Salinisation des terres

La salinisation des terres constitue un réel problème dans la VFS. En effet, la remontée des nappes, des sels, l’engorgement, les diverses toxicités sont en partie liés à une mauvaise gestion de l’eau. La salinisation est une accumulation importante de sels solubles dans le sol. L’agriculture augmente la conductivité des sols qui facilite la remontée des sels à partir de la nappe phréatique peu profonde qui monte aussi. En plus, sous l’effet d’une forte évaporation intense, les sels ont tendance à s’accumuler en surface comme on le voit souvent dans les champs de riz. 

En plus de la salinisation, la sodisation et l’alcalinisation se produisent lorsque les carbones sont supérieurs au calcium dans l’eau d’irrigation tirée du fleuve pour arroser les cultures. Cela contribue à élever le niveau du pH (alcalinisation) des sols qui entraîne des problèmes de carence pour les cultures. En cas de déséquilibre en faveur du sodium et au détriment du calcium, la structure des sols est négativement affectée avec une dispersion des argiles. Au final, les sols fortement alcalinisés et sodisés deviennent impropres à toutes cultures et difficilement récupérables (Boivin, 1995).

Système de Riziculture Intensif (SRI)

Il existe plusieurs pratiques agroécologiques développées aujourd’hui par les producteurs pour restaurer et gérer la fertilité des sols. Dans la VFS, le Système de Riziculture Intensif (SRI) est développé par les acteurs pour s’adapter aux effets du changement climatique et aux ravages de l’agriculture conventionnelle.

Le SRI consiste à produire des pépinières non inondées à récolter entre 8 et 12 ou 15 jours, à les repiquer rapidement à raison d’une plante par poquet de 1 à 2 cm de profondeur avec un espacement de 25×25 cm. Ces paramètres techniques contribuent à donner plus d’aération, de nutriments, de lumière du soleil, etc. aux plantes en vue d’optimiser leur croissance et leur rendement. Le sol doit être humide avec un bon drainage pour plus d’oxygène dans le sol en évitant l’inondation permanente.

L’apport de compost/biomasse au sol, complété si nécessaire par les engrais minéraux, permet d’améliorer sa structure. Mais, le contrôle des mauvaises herbes par le désherbage mécanique à l’aide d’une houe rotative (sarclo-bineuse) est une exigence du SRI. La technique du SRI permet de recourir à moins de semences, d’économiser l’eau d’irrigation, de réduire les engrais chimiques, les coûts de production, de l’émission de méthane et d’augmenter les rendements, de rendre le riz plus résistant à la sécheresse, aux maladies, à la salinité, de valoriser les espèces de riz locales, de préserver la vie microbiotique des sols en luttant contre la pollution chimique et la salinisation des sols, etc. A cela, s’ajoute son approche de mise en œuvre qui s’appuie sur les dynamiques communautaires et flexibles selon les conditions et les pratiques locales (Dione, 2019 ; Mennig, 2013).

Cependant, de la production de pépinières au repiquage des plantules en lignes droites avec des espacements réguliers, au niveau d’immersion bien défini, en passant par des exploitations limitées en surfaces (0,5 ha), la réticence des institutions financières, la méconnaissance du SRI par les acteurs, etc., il y a des contraintes qui font que le SRI rencontre des difficultés à passer à l’échelle. Il y a donc une nécessité de vulgariser le SRI, de promouvoir la commercialisation et la consommation du riz SRI, de mettre en place des parcelles de démonstration, des champs écoles paysans pour renforcer les capacités des producteurs, de sensibiliser les institutions financières, les consommateurs, de créer une marque de riz SRI, etc. (Ly, 2018).

Education relative à l’Environnement

Avec l’accompagnement d’Enda Pronat, les acteurs de la VFS notamment ceux du village Guédé-Chantier ont mis en place un réseau d’écoles, le Réseau Ecole’Eco (REE) afin d’aborder les questions agricoles et environnementales dans le programme scolaire dans le but de favoriser l’éducation à l’environnement et de se sensibiliser dès le bas âge les populations sur l’importance de préserver l’environnement grâce à l’approche « école-milieu ».

Gouvernance locale pour la gestion communautaire des forêts

Pour les ressources forestières, l’Union de Galoya, après la sécheresse de 1986, a élaboré une Convention locale de gestion des forêts accompagnée de la création de mise défens mais aussi la pratique de l’agroforesterie à Guia pour protéger les ressources forestières qui ont un impact sur la préservation des sols.

Promotion de pratiques agroécologiques dans le maraîchage

Pour la production maraîchère, des pratiques intégrées sont développées par les producteurs en faveur de l’agroécologie dans son ensemble dans le cadre des structures comme le Groupement de Promotion Féminine de Wouro Madiw, à travers des initiatives comme l’installation de ferme intégrée d’agriculture-élevage-système de pompage solaire à Mafré, de jardins agroécologiques des femmes d’Agnam Tonguel et de Diab Golladé qui utilisent des biofertilisants et des biopesticides pour préserver l’environnement notamment la fertilité des sols.

Stratégies de gestion des activités de pêche continentale

Pour la pêche, des initiatives de protection des mares comme celle de Danki à Fondé Ass et de gestion communautaire des ressources halieutiques au niveau du défluent Ganguel sont développées par les populations locales avec l’appui et l’accompagnement de l’Union des Jeunes Agriculteurs du Koyli-Wirndé (UJAK), le service départemental de la pêche, de l’Union de Ganguel et de la Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal (FONGS).

Organisation administrative

Le département de Podor est situé dans la partie septentrionale du pays, dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal qui constitue, au Nord, la frontière avec la République Islamique de Mauritanie.

Le département est limité à l’Ouest par le département de Dagana, à l’Est par le département de Matam et au Sud par ceux de Linguère et de Ranérou Ferlo. Son chef-lieu est la ville de Podor.

D’une superficie de 12 947 km², le département représente 68 % de la région de Saint-Louis et 7 % du territoire national. Sa densité est de 37 habitants au km².Le Département de Podor est l’un des trois départements de la région administrative de Saint-Louis. Il représente une superficie de 12 947 km² pour une population de 411 633 habitants (ANSD 2017). Il compte quatre arrondissements (Thillé Boubacar, Gamadji Saré, Cas-Cas et Saldé) et 22 communes.