Projet co-développement d’innovations pour la gestion durable des terres dans les systèmes d’exploitations familiales d’Afrique de l’ouest (COINS)

Contexte et justification

La dégradation des sols au Sénégal concernerait 34% des terres, soit une superficie équivalant à 6 860 900 ha (FAO, LADA et CSE, 2008, cité par le MEDD, 2017a, p. 6). C’est pourquoi, le Sénégal s’est engagé dans la lutte contre la dégradation des terres à travers plusieurs programmes, dont :

• Le Programme national de restauration et d’amélioration des sols ;
• Le Programme national de gestion des pâturages ;
• Le Programme national de récupération et de valorisation des terres salées ;
• Le Programme national d’aménagement et de gestion durable des forêts.

A cela s’ajoute la création en 2012 du Cadre National d’Investissement Stratégique pour la Gestion Durable des Terres (CNIS/GDT) dont l’objectif principal est l’amélioration de la productivité agricole, l’amélioration et la généralisation de la GDT. Cependant, il subsiste des contraintes comme l’absence de synergies dans les interventions, la fragilisation des écosystèmes du pays, la faible prise en compte de la GDT sur les plans juridique et politique et le faible investissement dédié à la GDT et à la résilience, etc. .

Au niveau des communautés à la base, des initiatives et des pratiques agricoles sont également développées pour lutter contre la dégradation des terres et réhabiliter la fertilité des sols. Il s’agit, notamment, de la promotion de la Régénération Naturelle Assistée (RNA), des activités de régénération des mangroves, l’introduction de foyers améliorés pour limiter les coupes (abusives) de bois, etc. Autant d’initiatives permettant de créer les conditions d’une réhabilitation de la fertilité des sols mais aussi d’une exploitation écologiquement rationnelle des ressources forestières (IPAR, 2022). Le recours à l’agroforesterie et aux techniques de conservation de l’eau et des sols avec la fertilisation organique (compostage), le paillage, les cordons pierreux, le zaï, le billon, les haies brise vent,   l’association et  la rotation culturales, le Système de Riziculture Intensive (SRI), etc., constituent également des pratiques développées par les producteurs à l’échelle des exploitations agricoles.

Toutefois, ces initiatives correctives de la dégradation des terres manifestent des difficultés, notamment, à l’étape du passage à l’échelle des pratiques développées. Les coûts élevés de la main d’œuvre, l’effort de travail supplémentaire dû à l’augmentation de la charge et de la pénibilité du travail (IPAR, 2022), les connaissances limitées des pratiques agroécologiques, la disponibilité et l’accessibilité limitées des sources de financements nécessaires pour aborder la GDT sont autant de contraintes qu’il faut lever.

C’est pourquoi, le Projet CO-développement d’INnovations pour la gestion durable des terres dans les Systèmes d’exploitations familiales d’Afrique de l’Ouest (COINS) a été conçu, à partir des exemples du Ghana et du Sénégal (Vallée du Fleuve Sénégal) pour « inciter et permettre des pratiques d’agriculture et d’utilisation des terres durables et des mécanismes de gouvernance associés, pour améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire tout en augmentant le capital naturel en inversant la dégradation des terres et en augmentant l’efficacité de l’utilisation des ressources ». Pour cela, des approches nouvelles sont nécessaires pour outiller les agriculteurs à développer des stratégies de gestion et d’atténuation des risques multiformes. L’intervention de COINS est basée sur :

• • « une approche paysagère basée sur une modélisation, un suivi et une science des données de pointe pour cibler (1) des pratiques améliorées de gestion des cultures et des exploitations agricoles pour l’intensification durable sur des terres productives, et (2) des pratiques de restauration des terres sur des sols dégradés pour reconstruire la fertilité des sols et améliorer la fourniture de services écosystémiques essentiels au niveau du paysage, en construisant le capital naturel ;

• • l’opérationnalisation de mécanismes habilitants, notamment des stratégies complètes de gestion des risques et un programme d’incitation et de suivi pour la gestion et la restauration durables des terres pour les agriculteurs partenaires de COINS ;

• • le co-développement d’un ensemble de services de conseil aux agriculteurs pour la mise en œuvre des pratiques d’agriculture et d’utilisation des terres durables, de sorte que l’obtention des résultats souhaités soit soutenue ; 

• • une approche multi-acteurs organisée et facilitée dans les laboratoires d’innovations sur l’intensification durable pour les deux régions d’étude ».